Artiste culte de la scène underground new-yorkaise dans les années 80, Jean Michel Basquiat envahit les rues de New York de ses graffitis à l’âge de 15 ans. Telle une étoile filante, rapide et brillante, cet artiste prodige et passionné accomplit son œuvre en moins de 8 ans avant de mourir soudainement le 12 août 1988 d’une overdose. Retour sur cet artiste incontournable de l’avant-garde.

Un artiste en herbe

Jean Michel Basquiat à l’âge de 4 ans.

Né à Brooklyn le 22 décembre 1960 d’une mère porto-ricaine et d’un père haïtien, Basquiat est un enfant surdoué qui maîtrise parfaitement l’anglais, le français et l’espagnol et qui  montre dès son plus jeune âge un intérêt très prononcé pour l’art, soutenu très vivement par sa mère qui l’emmena souvent au Museum of Modern Art de New York.

Basquiat dessine très tôt et ses dessins sont particulièrement inspirés des films d’Alfred Hitchcock, des bandes dessinées et du corps humain. En effet, c’est à l’âge de 7 ans durant son séjour à l’hôpital suite à un accident de voiture, que sa mère lui offre un livre d’anatomie intitulé « Gray’s Anatomy ». Cet ouvrage constituera une influence majeure pour l’artiste qui s’en inspira plus tard dans son travail et dans le nom de son groupe de musique : Gray.

Basquiat (allongé) et son groupe Gray.

La pochette de l’album du groupe Gray.

Ses débuts

En 1976, de retour à New York après deux ans passés à Porto Rico, Basquiat intègre la Edward R. Murrow High School où il rencontrera Al Diaz pour qui il se liera d’amitié. Dans la même année il commence à faire des graffitis avec son ami sur les murs de Manhattan, à proximité des galeries d’art. Il utilise des couleurs vives et des textes poétiques ou ironiques en s’inspirant du monde urbain qui l’entoure. Il ajoute à ses graffitis la signature « SAMO » pour « Same old shit » le plus souvent accompagné d’une couronne et d’un copyright. 

En 1978, Basquiat abandonne son école et quitte le nid familial. Il s’installe avec des amis, et gagne sa vie en vendant des T-shirts et des cartes postales dans les rues. Il découvre la drogue et se met à fréquenter les boîtes de New York, notamment le Club 57 où il y rencontre des étoiles montantes comme Madonna, Keith Haring ou encore des artistes déjà au sommet comme David Bowie, Blondie et Andy Warhol.

Jean Michel Basquiat et Keith Haring

 

Basquiat en compagnie de Blondie

Basquiat commence à avoir une veritable notoriété dans le milieu de l’art en 1979. Il fait régulièrement des apparitions télévisées et dans les journaux. L’artiste se met  alors à écrire « SAMO is dead », un signe révélateur de la naissance de sa carrière.

Basquiat faisait de la peinture sur toile, représentant le plus souvent des personnages squelettiques et des visages ressemblant à des masques. Ces toiles pouvaient montrées son obsession sur le corps humain et la mortalité de l’homme. De plus, on sent à travers ses œuvres que  Basquiat est fièr de ses origines puisque ces travaux révèlent un fort intérêt pour l’identité africaine et hispanique.

Jacoline – Jean Michel Basquiat

Angel – Jean Michel Basquiat

Une ascension fulgurante

C’est en juin 1980 qu’il se fait connaître en participant au Times Square Show, une célèbre exposition d’artistes contemporains. L’année suivante le critique d’art René Ricard publie dans le magazine Artforum, un article sur Jean Michel Basquiat intitulé « L’Enfant Radieux ». Ce qui lui permettra de lancer sa carrière sur la scène internationale. Dans la même année, la galerie Annina Nosei organise la première exposition de l’artiste à New York. Entre temps, Basquiat produit un disque de rap et passe ses nuits comme DJ dans les clubs de Manhattan. 

Vers 1982, Basquiat en compagnie de ses amis Keith Haring, Eric Fischl, David Salle et Julian Schnabel deviennent chefs de file du mouvement néo-expressionniste. Un mouvement qui veut revenir à la peinture figurative, en adoptant un style violent, émotif avec une touche de provocation. Pour ces artistes, il s’agit de renouer avec les techniques et les matériaux traditionnels de la peinture.

La rencontre de Basquiat avec Andy Warhol en 1983 fut marquante sur le plan artistique comme personnel. Basquiat peint un portrait de son ami sous la forme d’une banane .

En 1985 les deux hommes réalisent ensemble plusieurs toiles pour une exposition à Zurich,très mal reçues par les critiques et la presse qui accusent Warhol d’utiliser son ami pour retrouver l’inspiration artistique qu’il avait perdue.

Brown Spots, le portrait de Warhol par Basquiat

Une oeuvre de Warhol en collaboration avec Basquiat

Andy Warhol et Jean Michel Basquiat

Une oeuvre de Warhol en collaboration avec Basquiat

En 1985, Basquiat fait la couverture du The New York Times Magazine dans un numéro intitulé « New Art, New Money: The Marketing of an American Artist ».

Le New York Times avec Basquiat en couverture

La descente aux enfers

En 1986 le moral de l’artiste n’est plus au beau fixe et son physique est marqué par toutes ses années de débauche. Avec une dent en moins, les yeux cernés, le visage boursouflé et couvert de tâches, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Le bruit courut alors qu’il avait le sida. A l’époque, Basquiat se rendit à plusieurs reprises à Hawaï où il essayait de se refaire une santé mais aussitôt qu’il rentrait à New-York il retombait sous l’emprise de l’héroïne.

En 1988, alors qu’il est à l’apogée de sa carrière et de sa reconnaissance artistique, Jean-Michel Basquiat est hanté par la mort. Le décès d’Andy Warhol l’année précédente l’a profondément marqué. Il peint « Eroica I » et « II » en référence à la Symphonie « Eroica » de Beethoven. Ces tableaux font appels à des symboles macabres comme par exemple la mention « Man dies » reproduite une multitude de fois. L’artiste montre un nouveau genre de peinture figurative, avec un style différent basé sur les symboles et les couleurs sombres.

Eroica

Eroica II

 

La dernière oeuvre réalisée par Basquiat

Le 12 août 1988, Jean-Michel Basquiat meurt suite à une overdose d’un mélange d’héroïne et de cocaïne à l’âge de 27 ans.

Basquiat est aujourd’hui considéré comme un artiste avant-gardiste au style singulier mais considéré parfois comme violent dans son art. Il flirte avec la provocation sans jamais l’approcher de trop près. Au début de sa carrière, à la question de Henry Geldzahler « Quelles sont vos influences ? » Basquiat répond « La royauté, l’héroïsme et les rues ».

Autoportrait de Basquiat

La Joconde par Basquiat

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