Le Pop art est indissociable à la publicité. Cette relation inéluctable se traduit par une inspiration mutuelle où l’art se nourrit de la publicité et la publicité se sert de l’art pour mieux communiquer et atteindre l’imaginaire collectif. À travers les œuvres des artistes phares comme Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, c’est un mouvement artistique moderne qui interpelle une large audience, tant par la puissance du message que par la force des images et de leurs composantes esthétiques.
Le Pop art, un concept artistique révolutionnaire
Le Pop art, tiré de l’anglais « popular art » est un mouvement particulièrement fidèle à son nom. En effet, le choix de « Pop art » ne semble pas anodin, mais recèle l’essence même des concepts véhiculés par les artistes qui lui ont donné vie. Apparu en Angleterre vers le milieu des années 50 sous la houlette d’Eduardo Paolozzi et Richard Hamilton, ce courant se propage très vite aux États-Unis et révèle au public des artistes de renom comme Roy Lichtenstein et Andy Warhol.
Intimement lié à la publicité, aussi bien dans sa façon d’attirer et d’accrocher le regard et la fascination, que dans sa manière de s’exprimer, courte, mais percutante, le Pop art est un art qui nage à contre-courant de l’art même. Il s’impose dans la culture de masse et se détache de l’univers artistique élitiste pour se mettre au rang des simples objets de consommation.
Dans le pop américain, la plupart des artistes sont familiarisés avec le domaine de la publicité et associent naturellement leurs œuvres avec des éléments issus de la publicité, du cinéma ou des bandes dessinées. Dans l’inverse, la publicité a fait de ce courant une fontaine de jouvence où elle puise fraîcheur et jeunesse. Selon Andy Warhol « N’importe quelle publicité est une bonne publicité ». Warhol, très investi dans les dessins publicitaires, est d’ailleurs l’un des acteurs principaux qui ont révolutionné le monde de la publicité. Son sens inné du commerce a sûrement trouvé un écho dans ce mouvement auquel il a insufflé en permanence de la vie et de la créativité. Pour lui, « faire de l’argent, c’est de l’art, et le travail est de l’art. Faire de bonnes affaires est le meilleur art qui soit », n’est-ce justement pas l’objectif de la publicité ? Inciter à consommer pour faire de l’argent. Sans nul doute, Andy Warhol a atteint ses ambitions de faire de la publicité un véritable art.
L’art produit le message, la publicité le transmet
Bien qu’il soit plus souvent fait mention de la façon dont le Pop art puise ses inspirations de la publicité, il n’est pas non plus sans intérêt qu’on décrypte son influence indéniable dans ce domaine. Parmi les empreintes les plus palpables qu’a laissé le Pop art dans la sphère de la publicité figure la campagne de Perrier, destinée à créer une passerelle entre l’ancien nom « Eau de Perrier » et le nouveau concept « Perrier fines bulles ».

Pub Perrier dans le métro Parisien
Dans le lancement de ce packaging, Perrier s’inspire largement des tableaux de Roy Lichtenstein, mettant en scène un personnage de bandes dessinées des années sixties. Une femme aux lèvres entr’ouvertes et au regard pétillant de plaisir et d’étonnement partage sa délectation en voyant les fines bulles contenues dans la bouteille. Cette publicité invite à un retour à l’enfance à travers sa bande dessinée, mais au-delà du message, c’est l’art moderne qui s’exprime et c’est l’image d’une société de consommation assoiffée de nouveauté et de plaisir, même éphémère comme les bulles, qui est mise à nu à travers cette scène.

Andy Warhol pour Perrier 1983
Andy Warhol fait partie des acteurs clés de l’aventure Perrier. C’est à lui qu’est attribuée la conception de la campagne publicitaire de la marque en 1983. Ses créations ont enrichi la collection de la griffe et ont véhiculé son message. L’une des plus marquantes de ces affiches est celle où une bouteille et un verre Perrier se déclinent en différentes couleurs et viennent remplacer l’image répétitive de Marilyn Monroe dans un tableau divisé en cases. Aujourd’hui encore, ce style Warhol est ancré dans la pratique et il est même devenu possible de se prendre pour un publicitaire sur Cadopix en créant son propre tableau ou affiche Pop Art.
Lacoste et le Pop art, une histoire de concepts, de traits et de formes
Le style de Roy Lichtenstein a également séduit la griffe au crocodile Lacoste. L’éternel personnage de bandes dessinées du pionnier du Pop art américain vient se fondre dans le décor des vitrines Lacoste pour prononcer sa réplique à la fois courte, sobre et significative « Lacoste !! ». Cette fois-ci la femme à la bouche pulpeuse fait place à un homme au regard vif, aux formes épurées et aux traits denses et noirs. L’influence du Pop art ne s’arrête pas là puisque les créations de l’enseigne font également apparaître des couleurs et des motifs qui rappellent sans hésitation les tons vifs et les styles caractéristiques du mouvement.
Si les codes de la publicité sont fortement présents dans le Pop art, le courant artistique a également marqué l’histoire de la publicité. En offrant une nouvelle dimension aux objets de consommation, les Pop artistes font preuve d’un instinct publicitaire exceptionnel. Des images simplifiées et significatives, voilà ce que la publicité recherche, et trouve dans cette tendance artistique qui a le don d’apporter une plus grande efficacité au message qu’elle véhicule et aux objets qu’elle représente. À mon avis, ce sont ces images simplifiées qui font la particularité de ce courant et de ces artistes dont le talent est tant convoité par la publicité. L’influence du Pop art sur les médias de masse ne risque donc pas de s’émousser de sitôt. Une tendance artistique qui a le don d’apporter une plus grande efficacité au message qu’elle véhicule et aux objets qu’elle représente : voilà ce que la publicité recherche et trouve dans le Pop art.
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